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Base, fondement, origine [contexte]


Jacques Schotte, « Questions approfondies de psychologie clinique : La nosographie psychiatrique comme patho-analyse de notre condition ». Chapitre IV, Nosographie psychiatrique et mouvement de l'existence, de leurs bases "contactuelles" à leurs origines "personnelles" (cours 1977-1978) ».
Disponible en pdf à partir du du site du Centre d'études pathoanalytiques [Ouvrez !]
Édité sous le titre Nosographie, par la revue Institutions, coll. “Boîte à outils”, 2011, p. 106-107 [Ouvrez !]

« La base, par le biais du grec basis, a un rapport immédiat à la marche. C'est aussi ce sur quoi on marche.

Un fondement, quand à lui, est autre chose qu'une base. Si on l'entend au sens de l'acte de se fonder, on peut dire qu'il est le propre de l'homme qui jette. Car celui-ci s'arc-boute plutôt que de reposer sur le sol. Il tente de se fonder comme le centre à partir duquel un objet est jeté en face de lui. De même, le fondement d'un bâtiment se creuse dans le sol et constitue la condition même pour qu'il puisse s'élever à partir et bien au-delà de la base.

La cathédrale, par exemple, s'enlève sur un fondement complexe qui la distingue dans sa façon d'apparaître du temple grec. Car ce dernier, qui n'implique ni fondement ni donc négation de ce sur quoi il s'enlèverait, s'élève en quelque sorte sur sa base. En outre, il est situé dans le paysage et le fait vivre à travers lui. Il entretient un rapport de co-vivance ou, comme disait Claudel, de co-naissance avec la nature dans et avec laquelle il se situe. La cathédrale, tout au contraire, ne s'inscrit pas dans l'espace du paysage mais dans un espace orienté, qui est un espace mental, puisque son chœur, quel que soit le site, est toujours orienté dans la direction de la Terre Sainte.

L'origine, enfin, vise quelque chose d'encore plus mystérieux et de plus caché dans ses composantes. En effet, si le fondement est caché, ses effets sont en permanence visibles. Pour qu'un édifice puisse s'élever, il doit nécessairement s'enfoncer dans le sol, comme les racines de l'arbre. Mais quelle est l'origine d'un temple ou d'une cathédrale ? Quelle est-elle, sinon leur création même, qui ne s'atteste d'ailleurs que dans la production. L'image de la source, évoquée par Goethe, est à cet égard éclairante : il n'y a de source qu'aussi longtemps qu'elle coule. Remarquons d'ailleurs qu'origine, dans les langues germaniques, renferme la métaphore du saut : Ursprung, en allemand, c'est-à-dire le saut primitif ou primordial. L'origine a donc affaire avec le saut. Elle est à proprement parler indatable dans la mesure où elle est ce qui doit se continuer tout le temps. […]

De l'une aux autres de ces notions, on s'élève en quelque sorte en creusant par-dessous. Ainsi le fondement apparaît plus tardivement que la base, mais lorsqu'il apparaît, il se pose comme fondement de la base. De même, l'origine créatrice de tout ce qui se manifeste à travers la base et le fondement ne se pose comme problème qu'au-delà. Mais au moment où il se thématise, ce problème se donne comme originaire même par rapport aux deux autres. Pour concrétiser ces notions qui peuvent sembler bien abstraites, faisons référence au mouvement même de l'existence… »


Johann Wolfang von Goethe,  Souvenirs de ma vie. Poésie et vérité, Deuxième partie, Livre VI, éditions Aubier Montaigne (épuisé).
Disponible dans des traductions légèrement différentes sur Gallica [Ouvrez !] et sur Wikisource [Ouvrez !].
« Car on ne peut concevoir la source qu'autant qu'elle coule. »

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