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le livre impossible
Dans cette rubrique, on trouvera des documents qui ont accompagné la vie d'Ouvrir le cinéma, ainsi que les versions anciennes de certaines pages du site. Les archives de la lettre Confidences demeurent dans la rubrique qui lui est consacrée.
Ce dossier est un peu lacte
de naissance dOuvrir le cinéma. Il a
été rédigé en juillet 2000 à
lintention de la Direction Régionale de lAction
Culturelle Ile-de-France. Certaines propositions sont donc
datées mais les intentions et les choix pédagogiques
demeurent.
Il ny a pas de programme organisé à
lavance puisque tout dépend de la composition
du groupe. En 2000/2001, il a réuni exclusivement
des enseignantes.
Pour lannée qui vient (2001/2002), je souhaite
que lhétérogénéité
envisagée soit effective (cest-à-dire
réunir des enseignant(e)s et des étudiant(e)s,
de toutes disciplines). La création du site trouve
un peu là, son origine:ne pas se contenter du bouche à oreille,
contacter des personnes très différentes pour
que chaque année, Ouvrir le cinéma,
nous emporte sur des chemins nouveaux. (Annick Bouleau. Juin
2001).
Ce projet, Ouvrir le cinéma, s'adresse, prioritairement,
aux enseignants participants aux actions pédagogiques
et aux projections organisées par l'association des
Cinémas indépendants parisiens, mais dans son
intention il prévoit et même nécessite
la participation de personnes issues d'autres horizons que
celui du corps enseignant.
Il est ainsi destiné à être à
la fois autonome et solidaire. Autonome, car il réunit
un petit groupe de personnes sur un laps de temps déterminé
à partir de propositions orientées et précises.
Solidaire, car il a donc été imaginé
pour fonctionner en relation avec d'autres types d'activités,
d'autres formes d'approche du cinéma.
Ouvrir le cinéma est le fruit, à la
fois de ma recherche personnelle sur le cinéma,
du travail de réflexion développé à
partir de mes activités de formation, et d'une certaine
attention au débat scolaire tel qu'il a pu nous apparaître
ces derniers mois par le biais des médias.
Intention
Ouvrir le cinéma se propose d'être un lieu, un groupe de travail, où l'on pourra, à la fois, se former à l'image cinématographique et produire, c'est-à-dire imaginer, construire, des outils, des dispositifs, des pensées, pour son propre compte. Un lieu où la formation ne sera pas séparée de l'action. Un lieu où il sera possible pour un enseignant ou un éducateur, par exemple, de prévoir, concevoir, personnellement, ses propres modalités d'action en ayant eu le temps de les élaborer et de les discuter initialement au sein du groupe.
Une formation fondée sur la relation et l'échange
Ce type d'approche implique que
l'on ne considère pas l'acquisition des connaissances
comme un savoir venant de l'extérieur - du formateur
vers le formé - mais comme la conjonction de deux
désirs, la relation, l'échange entre deux
personnes. Surtout en formation continue, il s'agit de
donner une place non négligeable au partage des
savoirs:apprendre ensemble, avoir envie de se former et
non pas d'être formé. Développer un
certain sens de l'autonomie. S'impliquer autrement. Faire
que le temps privilégié de la formation permette
à chaque participant de repérer, analyser
ses motivations personnelles pour lui donner envie d'approfondir,
dans l'après-stage, de manière individuelle,
ce qu'il aura commencé à découvrir
ou à ébaucher pendant le travail de groupe.
Une attention toute particulière à la parole
et à l'écoute est au coeur de ce type de
formation.
De cette forme d'échange, de ce partage des expériences,
j'ai aussi besoin pour avancer dans ma recherche.
En effet, depuis 1980, j'ai développé au
sein du Cnrs, un travail sur l'image cinématographique,
en l'abordant non sur la base d'une recherche théorique,
mais directement par la conception et la réalisation
de films. En philosophie cela s'appelle une démarche
heuristique (essayer pour voir ce que cela donne;produire
des images et des sons pour voir ce qu'ils m'apprennent
simultanément sur le monde et sur le cinéma).
Mais on peut tout aussi bien rapprocher ma façon
de faire du tâtonnement expérimental, pour
employer le vocabulaire de ceux qui ont choisi des méthodes
d'enseignement de type Freinet, notamment.
En vue de continuer à me questionner à la
fois sur le cinéma ...
... et sur le rapport au savoir,
j'ai besoin de me confronter à des questionnements,
à des désirs différents. Par exemple :où en
sont les enfants, les adolescents, les jeunes générations?
Ce lieu, à créer, me permettrait de poser
la question, avec des enseignants, mais aussi avec des étudiants
en cinéma, histoire/philosophie de l'art, écoles
d'art, philosophie de la connaissance, anthropologie, sciences
de l'éducation, IUFM, psychologie clinique (donc
praticiens, plutôt que chercheurs), au gré
des rencontres, toujours dans ce souci d'un partage des
savoirs.
Expérience
Il me semble avoir construit mon
activité pédagogique, progressivement, à
partir de trois paradoxes.
Le premier paradoxe : "le
plus important, ça n'est pas le cinéma".
Pour le dire autrement:le savoir et les compétences
de l'enseignant ne suffisent pas pour que chaque élève
ou étudiant ait envie de s'approprier ce que l'on
veut lui enseigner. Avant de penser à la matière
il faut préparer un terrain favorable.
Pour les ateliers de réalisation cinéma que
j'ai animé à l'Université Lyon 2 j'avais
intuitivement pensé à créer d'abord
une dynamique, à faire exister le groupe comme ensemble
d'individualités complémentaires. La question
du cinéma est venue, après.
Cet atelier m'a permis d'entrevoir un autre rapport à
la connaissance que j'ai trouvé théorisé
quelques années plus tard chez un philosophe, Gaston
Bachelard:différencier (et donc pouvoir faire alterner)
la connaissance telle qu'elle se transmet (le cours magistral
en est un exemple) de la connaissance telle qu'elle se
construit (mise en évidence, notamment, de la relation,
de la synthèse, de l'intuition, et même de
la rêverie, dans l'élaboration d'une pensée,
d'un travail). Le travail en groupe, à égalité
des participants, privilégie tout naturellement
cette connaissance par construction.
Une question de méthode, donc;valable aussi pour
le cinéma.
Le second paradoxe : "L'amour
du cinéma ne suffit pas".
En partant de son propre point de vue sur le cinéma,
on prend le risque de suivre une démarche volontariste
(“le cinéma, c'est bien, il faut l'aimer”
en serait une phrase caricature) et génératio-centriste:c'est-à-dire,
faire de son propre goût, le modèle de référence.
Si le goût de chacun ne doit être ni renié ni
refoulé (pas plus celui de l'enseignant que celui
de l'enseigné), il ne doit pourtant pas être
la base sur laquelle s'élaborent les actions pédagogiques.
Dans le domaine des arts, la tentation est certainement
très forte et beaucoup plus sournoise qu'on peut
le penser.
Pour les exercices mis en place lors de mes interventions
scolaires, j'essaie qu'ils reposent sur des bases communes,
hors des questions de goût:tout d'abord, créer
une tension, une relation entre deux expériences
de cinéma:celle des enfants ou des adolescents et
la mienne.
Cela m'a amené à considérer le cinéma
comme objet anthropologique avant de le désigner
comme objet culturel.
Faire ressentir, découvrir que le cinéma,
qui est en premier lieu l'enregistrement, la reproduction,
la réception d'images et de sons, et qui est par
conséquent lié à la fois au temps
et à l'espace, met en jeu des mécanismes élémentaires
de la perception (les sens de l'ouïe et de la vue),
de notre fonctionnement psychique (la figurabilité,
les affects-à différencier du goût,
le phénomène de projection/identification),
et de notre intelligence (la pensée associative).
Les affaires de goût peuvent ainsi venir se greffer
en restant du domaine de l'intime, du personnel, sans brouiller,
mais au contraire en enrichissant le travail qui s'élabore.
Le troisième paradoxe : "Je
ne veux pas enseigner le cinéma ".
Dans les formules "enseigner" le cinéma,
"transmettre" le cinéma, il me semble
que le jeu implicite des forces entre l'enseignant et l'enseigné
est trop unidirectionnel et qu'il risque, sans qu'on le
veuille, de se faire au détriment de l'enseigné.
Ce qui a été appelé "le débat
scolaire" a notamment remis sous les feux de l'actualité
toutes les expériences imaginées pour tenter
d'enseigner autrement.
En introduisant le cinéma immédiatement comme
objet culturel, artistique, dans un milieu de savoir comme
l'école, on en fait logiquement une matière,
une discipline. On aboutit nécessairement à
l'élaboration de programmes nationaux, normés,
destinés à être valables pour le plus
grand nombre et donc forcément plus ou moins réducteurs.
Parmi toutes les voix qui se sont fait entendre sur la
question de l'enseignement et sur la structure de notre
système scolaire, j'isole celle de Suzanne Citron,
professeur d'histoire:
«Le système encyclopédique qui juxtapose des disciplines énoncées
dans des programmes aux cloisons étanches s'est bureaucratisé
par la création en 1880 du Conseil supérieur
de l'instruction publique qui réunissait les représentants
des sept agrégations existant alors.
En France, du fait de la bureaucratisation napoléonienne
et jacobine du mammouth, le système encyclopédique
s'est cristallisé et gonflé plus que partout
ailleurs.
Ne serait-il pas temps de jauger le système des
savoirs scolaires à l'aide d'une grille conforme
aux métamorphoses des connaissances et des concepts
et aux transformations de notre société?» (Libération,
10/2/1999).
La difficulté et l'ambiguïté de la question
se manifestent dans les options de la nouvelle équipe
en place au ministère de l'Education nationale,
qui
à la fois souhaite créer une agence pour
les innovations pédagogiques (rendant implicite
le fait qu'il faut, au-delà des querelles internes,
réfléchir au plan national à d'autres
manières d'aborder la transmission des savoirs)
et dans le même temps commande pour la prochaine
rentrée une grammaire de l'image (la grammaire étant,
rappelons-le l'ensemble des structures et des règles à suivre
pour parler et écrire correctement. Que signifierait
donc:apprendre à voir, à percevoir, correctement?)
L'Institution et ses programmes sont cependant inévitables
et indispensables. Mais il est possible d'en corriger les
aspects les plus normatifs par l'instauration au plan local
de petits dispositifs adaptés aux personnes et aux
situations, sorte de régulateurs de connaissance.
La création d'un lieu comme Ouvrir le cinéma oeuvrerait
dans ce sens.
Méthode de travail
Ouvrir le cinéma propose
un travail de groupe (maximum 10/15 personnes) fondé
sur la mise en commun des expériences, du vécu
de ses membres. Vécu personnel (le rapport au cinéma,
à toutes les images en général), vécu
professionnel (enseignement, activités éducatives
diverses). En raison de l'importance donnée à
une certaine qualité de parole, il ne s'agira pas
d'échanger des opinions (donc d'en rester au jugement)
mais, par tâtonnement expérimental, en rapprochant
des films, des images, des lectures, proposés par
tous les membres du groupe, d'essayer de découvrir
autrement ce qui agite le cinéma. Et en premier
lieu, de découvrir ce que nous savons déjà,
mais que nous formulons peut-être avec difficulté.
S'immerger en quelque sorte dans notre environnement personnel
(les films que nous avons vus, qui nous ont marqué,
que nous voyons, les images qui nous entourent) et en dégager
progressivement des lignes dominantes, un peu comme nous
avons été à notre naissance immergés
dans les sons de notre langue maternelle.
En tant qu' d'animatrice de ce groupe, au sens originel
du terme ('animatrix':celle qui donne de la force pour
quelque chose), mon rôle sera de permettre, par l'attention,
l'écoute et la relance, que ce foisonnement, ces
échanges, aboutissent à une certaine clarté,
une certaine cohérence, une certaine utilité.
Questionner le cinéma et les images autrement qu'à
partir de concepts déjà répertoriés
et définis (comme par exemple, le plan, le cadre,
le découpage) mais prendre le temps de voir et d'écouter,
de décrire, avant de nommer, de conceptualiser,
pour faciliter l'émergence d'autres approches, d'autres
questionnements, d'autres concepts. Pour être ouverts
à des formes, des styles, des devenirs différents
du cinéma, des cinémas, présents et
passés. Appréhender le cinéma en partant
de notre expérience personnelle, de ce qu'il est
actuellement plutôt que dans son élaboration
historique. Une façon de poser autrement la question
des origines et du patrimoine. Questions cruciales pour
notre société devenue multiethnique. Et qui
concerne tous les enseignants et éducateurs.
Les ateliers que j'ai animé dans les classes (primaire
et collège) depuis 1994, d'abord avec l'Association Le
Cinéma, cent ans de jeunesse, puis avec les Cinémas
indépendants parisiens fonctionnent sur ce principe.
Programme 2000/2001
Ce qui peut faire la particularité d'un projet comme Ouvrir
le cinéma réside essentiellement dans
sa méthodologie. Il ne se substitue pas aux opérations
ou activités déjà
en place.
Sous le signe de l'ouverture, il fait intervenir des liaisons,
des rapprochements entre des éléments qui
sont le plus souvent abordés séparément:la
connaissance du cinéma, le rapport au savoir (la
question de la pédagogie, de la transmission, la
question des origines et du patrimoine) la question du
sujet (tout ce qui concerne notre fonctionnement psychique,
affectif, intellectuel). De là vient le souhait
de former un groupe hétérogène dans
sa composition mais réuni par ce même désir
d'enrichissement réciproque.
Dans ces mises en relation, il ne sera pas question d'aboutir
à des vérités, à des théories
figées. Mais de trouver des moyens d'agir ponctuellement.
Il serait trompeur de proposer ici un programme déjà
structuré puisque l'enjeu sera justement de le construire
ensemble. Mais on peut cependant donner quelques axes de
réflexion qui interviendront sûrement au cours
des séances de travail : entre le goût et
les affects, la pensée associative et le montage,
la représentation/reconstitution de l'espace et
du temps (les repères ne sont-ils pas à nouveau
en train de changer ?), la figurabilité (pour l'image,
comme pour le rêve, l'abstrait n'existe pas, tout
est visuel, concret, tout fait figure. A ce propos, les
illustrations de couverture de ce dossier pourraient tout
à fait être un exercice d'entrée en
matière à cette formation).
APPEL A CANDIDATURES 2002-2003
Ouvrir le cinéma est
un groupe de travail, annuel, restreint (maximum 10 personnes),
composé d’enseignants (école primaire,
collège, lycée) et d’étudiants
de toutes disciplines (histoire et philosophie des sciences,
histoire de l’art, psychanalyse, sciences de l’éducation,
mathématiques... cinéma) qui, en raison de
leurs objectifs professionnels (aborder le cinéma
en classe, notamment) ou pour leur propre recherche, souhaitent
faire un détour par le cinéma en
le questionnant à la fois dans ses puissances et
dans son rapport à la connaissance.
Le cinéma y est tout d’abord envisagé comme
une réponse corporelle aux sollicitations
des choses du monde, des événements
de la vie, et non seulement comme une
demande, une prise de vue. L’image, alors, nous regarde
dans toute son ambivalence, non encore
soumise à l’ordre du discours.
Dans cette relation, cet échange, cette ouverture
au monde dont il témoigne, le cinéma n’est
pas envisagé initialement en fonction de genres
soumis à des codes spécifiques. Une attitude,
proche de la phénoménologie, qui n’est
pas sans conséquences tant sur les méthodes
d’approche des films accueillis dans le champ du
cinéma que sur les pratiques pédagogiques
mises en œuvre lorsqu’il est introduit dans
un lieu de d’acquisition des connaissances comme
l’école.
Avant d’être considéré
comme un art, ou comme un ensemble de signes à déchiffrer,
le cinéma (les cinémas) peut (peuvent) être
appréhendé(s) en tant que geste anthropologique.
Tout en poursuivant la recherche de pensées — textes
et films — pouvant nous aider à consolider
la voie entr’ouverte, la réflexion d’Ouvrir
le cinéma passera, en cette troisième
année d'existence, 2002-2003, par la pratique filmique,
par le geste, — caméra en main.
En partant loin du cinéma,
à première vue:c’est le travail
sur la lumière d’un artiste américain
contemporain, James Turrell, qui nous servira d’appui
pour aller vers lui.Poser encore et toujours la question:que
peut le cinéma?
«L’œil en général
cherche les objets éclairés — visibles,
donc — comme un chien cherche son os ; mais, là,
il n’y a plus rien à voir qu’une lumière
n’éclairant rien, donc se présentant
elle-même comme substance visuelle. Elle n’est
plus cette qualité
abstraite qui rend les objets visibles, elle est l’objet
même — concret mais paradoxal, et dont
Turrell redouble le paradoxe en le rendant massif — de
la vision.» (Georges Didi-Huberman, L’Homme
qui marchait dans la couleur, Minuit, 2001)
APPEL A CANDIDATURES 2003-2004
Penser le cinéma, caméra
en main, nous porte à retrouver le lien fondamental
qui l'unit à la TECHNIQUE (ARS,
en latin) et à la POETIQUE, tels
que ces concepts étaient entendus sous l’antiquité grecque.
OUVRIR LE CINEMA invite, le temps d'une
année (6 séances d'une demi-journée),
des enseignants, étudiants, intervenants de
toutes disciplines, à produire des images et des
sons pour travailler et découvrir ce que
peut le cinéma avant qu’il ne soit
pris dans la loi des genres ou soumis à la logique
du discours.
Ainsi envisagée, la TECHNIQUE déplace
l’orient de nos questionnements sur le cinéma
et vient troubler notre rapport à la connaissance
et à la transmission des savoirs …
L'image n'est pas seulement ce spectacle
qui est là, dans mon champ de vision. C'est aussi
l'image, qui m'habite, qui participe à ce qui fait
de moi un sujet, qui institue ma relation aux autres. Le
rapport à l'image est forcément passionnel.
Pour qu'une éducation artistique ou une éducation à l'image
puissent assurer leur efficacité, il faut aussi,
en contrepoint, s'engager dans une voie qui n'est pas à proprement
parler une «éducation» car il s'agit
simplement de prendre conscience que quelque chose se «trame» dans
notre relation à l'image. Pour l'instant, nous appellerons
cette voie, une voie anthropologique.
Elle nous concerne tous, que nous soyons petits ou grands,
spectateurs-voyants ou créateurs d'images.
Si, comme nous l'a souvent répété Godard,
l'image pense, nous, les êtres humains, pensons
avec l’image, en image. Penser, c’est
activer, simultanément, deux registres. L’un,
logique, analytique, opératoire. L’autre,
analogique, propice à une appréhension globale,
associatif, qui est celui-là même de l’image.
Dans la culture occidentale, sous le poids notamment de
notre écriture alphabétique, la pensée
logique a affaibli la pensée associative,
la pensée du montage. Paradoxalement, c'est la plupart
du temps en privilégiant le logique et l’analytique
que nous abordons l'image. En d'autres termes, nous la
soumettons à des règles qui lui sont étrangères.
LE GESTE CINEMATOGRAPHIQUE
Le cinéma va
d’abord être envisagé comme une réponse
corporelle aux sollicitations des choses du monde,
des événements de la vie,
et non plus seulement comme une demande, une prise de
vue. L’image, alors, nous regarde dans toute son ambivalence,
non encore soumise à l’ordre du discours.
Une attitude, proche de la phénoménologie,
qui n’est pas sans conséquences tant sur les
méthodes d’approche des films accueillis dans
le champ du cinéma que sur les pratiques pédagogiques
mises en œuvre lorsqu’il est introduit dans
un lieu de d’acquisition des connaissances comme
l’école.
Le cinéma est d’abord un geste anthropologique.
LOIN DU CINEMA, TOUT PRES DU CINEMA
En 2003-2004, ce
sera encore la production artistique de James Turrell autour
de la lumière qui nous permettra d’approcher,
par surprise, le cinéma.
Nous essaierons de poursuivre le travail engagé l’an
passé, en déplaçant notre questionnement
de la lumière vers la couleur et
la notion de substance.
L’œil en général cherche les
objets éclairés — visibles, donc — comme
un chien cherche son os ; mais, là, il n’y
a plus rien à voir qu’une lumière n’éclairant
rien, donc se présentant elle-même comme substance
visuelle. Elle n’est plus cette qualité abstraite
qui rend les objets visibles, elle est l’objet même — concret
mais paradoxal, et dont Turrell redouble le paradoxe en
le rendant massif — de la vision.
(…)
il aura suffi, mais c’est chose difficile, d’éclairer
le simple fait qu’un lieu déserté nous apparaisse massivement
comme tel, c’est-à-dire déserté de tout objet visible.
Pour cela il aura fallu rendre à la couleur sa visualité, son
poids et sa voracité atmosphérique, monochrome. Sa valeur de
substance, de sujet et non plus d’attribut ou d’accident.
Georges Didi-Huberman, L’Homme qui marchait dans
la couleur, Minuit, 2001.
DATES ET LIEU
Ouvrir le cinéma,
créé en l’an 2000, se réunit à Paris,
six fois trois heures entre novembre et avril (les
séances sont mensuelles).
Ouvrir le cinéma est animé par Annick
Bouleau, cinéaste, ingénieur au CNRS,
enseignante de cinéma.
Il s'inscrit dans le cadre des activités culturelles
de l'association Ansedonia.
Pour participer au groupe, il est nécessaire d’avoir
lu L’Homme qui marchait dans la couleur.
APPEL A CANDIDATURES 2004-2005
— Comment oser
se permettre, aujourd’hui, de faire
des images ?
— Pour oser encore, pouvoir ce
geste, il faudrait penser à fond.
Cette réponse bouleverse radicalement ce que nous
entendons habituellement dans l’opposition entre
la « théorie » et
la « pratique »,
ou dans les places attribuées respectivement au
spectateur et au créateur.
Elle remet en question ce qui peut sembler évident,
aller de soi, dans nos façons de dire et de penser.
Elle nous invite à revisiter notre tradition
culturelle autour du savoir sur les images pour
débroussailler, regrouper autrement le matériau
hérité, le remettre en mouvement et découvrir
d’autres «passages».
Ouvrir le cinéma ose participer à cette entreprise.
Mais nous ne sommes pas seuls :
Né comme groupe de formation
et de recherche en 2000, Ouvrir le cinéma propose à la
rentrée 2004 un travail
en réseau à partir
du site, selon certaines modalités.
Jusqu'à présent, les membres d'Olc étaient
renouvelés annuellement (deux exceptions!). Le nouveau
projet est de composer un groupe permanent dont
les membres partagent ou souhaitent découvrir les
orientations traversant les textes consultables sur le
site qui fait connaître et met à la
disposition de tous les questionnements et les
avancées du groupe. Des rencontres peuvent être
organisées mais elles ne sont plus systématiques
comme précédemment.
Si vous souhaitez
participer à l'expérience d' OUVRIR LE
CINEMA selon les nouvelles propositions, écrivez-nous
en décrivant vos centres d'intérêt
personnels ainsi que les points d'affinités que
vous avez relevés avec les choix du groupe.
Pour découvrir les Textes proposés
cette année, consultez «A
LIRE»
Pour en savoir plus, consultez«STYLE»
PROJECTION DU 14 OCTOBRE 2003 : INVITATION
La démarche heuristique qui
consiste à questionner l’image
en produisant des images est à la
base de mon travail personnel de cinéaste. Elle
est par ailleurs soumise à l’épreuve
du collectif dans le groupe de formation/recherche que
j’ai créé, OUVRIR LE CINEMA.
Filmer pour voir ce que cela donne implique
que notre objet d’étude — l’image,
et plus particulièrement l’image cinématographique — ne
relève pas (ou plutôt, pas encore) de l’episteme (un
objet déjà là, à observer)
mais de la techne (un objet possible, à produire).
En déplaçant l’accès à la
connaissance sur le terrain de la techne,
nous découvrons de nouvelles modalités pour
construire un savoir autour de l’image.
L’enjeu du travail au sein d’OUVRIR LE CINEMA
est de donner forme à ce savoir : — sous
forme écrite, des textes rédigés à l’issue
des séances du groupe et mis en ligne sur le site
Internet, — sous forme imagée, des montages
composés à partir des enregistrements effectués
par tous les participants.
Les deux premiers montages seront présentés
mardi 14 octobre, à 17 heures 30
à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (Ehess), 105
bd Raspail, Paris 6ème (amphithéâtre).
Etude 2 : «Une image me regarde ? LUMIERE !»,
34’, DV coul., 2003
Etude 1 : «La lumière, l’absence,
le rien», 59’, DV coul., 2002
Vous êtes cordialement invités à cette
projection.
PROJECTION DU 14 OCTOBRE 2003 : PRESENTATION DES ETUDES 1 et 2
I
Filmer pour voir ce que ça donne,
devient ce soir:
Regarder pour voir ce que ça donne.
Tant que nous n'avons pas vu les images, nous ne pouvons
pas savoir ce qu’elles vont nous donner.
II
Ce que nos yeux vont percevoir ne correspond
pas vraiment à ce que nous allons recevoir.
Et cet écart, entre l’œil
et le regard, nous ne cherchons pas, dans notre
travail, à le réduire mais au contraire à le
rendre plus évident, nous ne cherchons pas à le
faire disparaître. Il s’agirait plutôt
de maintenir la béance ouverte.
III
Pour réussir à maintenir ouverte cette béance
sans oublier les deux pôles, l’œil et
le regard, que ce soit au moment du filmage ou ce soir
devant les images projetées, il va falloir trouver
la force en quelque sorte de se «dessaisir
de son savoir» sur l’image.
«Se dessaisir de son savoir», j’emprunte
l’expression, à Georges Didi-Huberman. On la trouve au début
de son livre Devant l’image:“Posons notre regard sur une
image célèbre de la peinture renaissante…”. Pour
atteindre ce qu'il nomme le visuel, nous devons prendre le risque
de nous dessaisir du savoir que nous possédons sur cette Annonciation de
Fra Angelico. Il faut accepter ce risque et nous soumettre «aux
aléas d'une phénoménologie du regard».
Si je fais référence à cette proposition,
c'est que, chaque année, la première séance
du groupe débute immanquablement par la projection
de la diapositive de cette Annonciation et je
lis le passage de Devant l'image.
« Se dessaisir de son savoir », je me suis aperçue
que c'est très difficile, car ça n’est ni l’oublier
ni le refouler bien sûr.
IV
Il y a quelqu’un qui peut tout de même nous
aider à travailler cette difficulté. C’est
Freud.
Au début du chapitre 2 de L’Interprétation
du rêve, «La méthode de l’interprétation
du rêve», il cite une lettre de Schiller à un
ami, pour nous faire mieux comprendre la technique psychanalytique.
«Schiller répond à une plainte de son ami concernant sa
production déficiente. “La raison de ta plainte réside,
il me semble, dans la contrainte que ton entendement impose à ton imagination.
Il me faut ici lancer une pensée et la rendre sensible par une comparaison.
Il semble qu’il ne soit pas bon et qu’il soit préjudiciable à l’œuvre
de création de l’âme que l’entendement toise trop
sévèrement, pour ainsi dire au seuil même des portes, les
idées qui affluent. Une idée, considérée isolément,
peut être très peu digne de considération et très
aventureuse, mais peut-être acquiert-elle de l’importance du fait
de celle qui lui succède, peut-être pourra-t-elle, dans une certaine
liaison avec d’autres semblant peut-être tout aussi insipides,
fournir un maillon très approprié. — Tout cela, l’entendement
ne peut en juger s’il ne s’attache assez longtemps à l’idée
pour l’examiner en liaison avec les autres. Chez une tête créatrice
par contre, à ce qu’il me paraît, l’entendement a
retiré la garde des portes, les idées s’y précipitent
pêle-mêle, et c’est alors seulement qu’il embrasse
du regard et toise ce grand amoncellement. — Vous, Messieurs les critiques,
quel que soit le nom que vous vous donniez, vous avez honte ou peur de la folie
momentanée, passagère, qui se trouve chez tous les véritables
créateurs et dont la durée plus longue ou plus courte différencie
l’artiste pensant du rêveur. De là vos plaintes sur votre
infécondité, parce que vous rejetez trop tôt et départagez
trop rigoureusement.” (Lettre du 1er décembre 1788).
Et pourtant, “retirer ainsi la garde des portes
de l’entendement” selon les termes de
Schiller, se mettre de cette façon en état
d’auto-observation dépourvue de critique,
cela n’est nullement difficile.»
Si ça n'est pas difficile sur un divan, ça
l'est davantage quand cette “technique” est
déplacée sur le terrain du rapport au savoir.
C’est tout l’enjeu du travail qui se fait dans Ouvrir
le cinéma.
Ce soir, je vous propose donc de retirer la garde
des portes de votre entendement.
V
Les images que vous allez voir ne sont pas extraordinaires.
Nous n’avons pas la prétention de vous montrer
des choses que vous n’avez jamais vues. Il faut les
regarder dans leur singularité.
Elles sont là pour déclencher quelque
chose qui ne relève pas seulement
du spectacle, même si cette salle ressemble à une
salle de spectacles.
VI
Nous avons commencé à travailler avec
l’image depuis l’année dernière,
novembre 2002. A l’issue de chaque séance,
quelqu’un repart avec la caméra DV et une
cassette de 60’. A la séance suivante nous
travaillons autour des images et sons rapportés.
Ainsi de suite.
Pour lancer le jeu et la réflexion, j’ai proposé de poser
notre regard sur le travail d’un artiste qui
ne fait pas de films mais qui produit à partir d’un élément
fondamental pour le cinéma:la lumière. C’est
James Turrell. Nous avons été accompagnées
dans cette démarche par le livre de Georges Didi-Huberman, L'Homme
qui marchait dans la couleur. Et plus spécialement
par une phrase que vous retrouverez au début de
l’Etude 1, qui figure également dans
la présentation sur le site et que je vous relis:
«L’œil en général cherche les objets éclairés — visibles,
donc, — comme un chien cherche son os ; mais là, il n’y
a plus rien à voir qu’une lumière n’éclairant
rien, donc se présentant elle-même comme substance visuelle. Elle
n’est plus cette qualité abstraite, qui rend les objets visibles,
elle est l’objet même — concret mais paradoxal, et dont Turrell
redouble le paradoxe en le rendant massif — de la vision.»
Cette phrase isolée n’est pas prise comme
une vérité dont il va falloir apporter une
preuve, la preuve, qu’elle dit vrai. Elle est là pour
qu'on la bouscule, pour qu'elle nous bouscule, pour voir
comment elle va nous faire travailler, comment elle va
travailler les images (et les sons) que nous allons enregistrer.
En parallèle au texte de Georges Didi-Huberman,
j’ai soumis au groupe un second texte qui touche
d’une manière plus professorale et moins poétique à des éléments
qui sont actifs dans L’Homme qui marchait dans
la couleur. C’est un extrait du livre d’un
philosophe italien contemporain, Pier Aldo Rovatti, Abitare
la distanza, «Habiter la distance», où est
abordée la question de l’œil et du regard,
de Descartes à Lacan.
L’Etude 2 est donc composée des images
que les participantes à Ouvrir le cinéma ont
enregistrées de novembre à juin.
De mon côté, j’avais filmé au
cours de l’été précédent
pour essayer de me donner des idées, pour voir çe
que ça donnait de chercher à filmer avec
en tête cette histoire de lumière qui n’éclaire
rien, qui devient objet. Et surtout comment faire pour
ne pas être un chien qui «cherche son os».
C’est donc l’Etude 1.
A partir d’une même proposition, nous sommes
arrivées à des images et à des pensées
différentes.
C’est moi qui ai monté l’Etude 2 parce
que la structure ne permet pas pour l’instant de
faire autrement.
La projection va donc démarrer par l’Etude
2 et après une très courte pause reprendre
avec l’Etude 1.
Si certains le souhaitent, il nous restera une heure pour
un échange.
(Annick Bouleau)
CONSTELLATION : présentation (août 2004)
Ceux qui composent notre CONSTELLATION, au fil du temps ...
(Et pourquoi ?...)
— Comment oser
se permettre aujourd'hui de faire
des images ?
— Pour oser encore, pouvoir ce geste, il
faudrait penser à fond.
Cette réponse bouleverse radicalement ce que nous
entendons habituellement dans l’opposition entre
la « théorie » et
la « pratique »,
ou dans les places attribuées respectivement au
spectateur et au créateur.
Elle remet en question ce qui peut sembler évident,
aller de soi, dans nos façons de dire et de penser.
Elle nous invite à revisiter notre tradition
culturelle autour du savoir sur les images pour
débroussailler, regrouper autrement le matériau
hérité, le remettre en mouvement et découvrir
d’autres « passages »
Ouvrir le cinéma ose
participer à cette entreprise. Mais nous ne sommes
pas seuls.
Penser à fond passe par le geste
de découvrir les pensées susceptibles d'éclairer
notre terrain de recherche, ouvert à toutes les
possibilités.
Dans les textes, nos traverses, clairières,
etc., traces du travail du groupe entre 2000 et 2004, sont
cités des auteurs très divers qui en général
ne sont pas directement ou immédiatement ou seulement
concernés par le cinéma.
Ce sont nos repères, nos marques pour continuer
sans trop nous perdre. Au fil des séances, ils ont
formé
notre constellation.
Ils se sont inscrits dans nos écrits selon un art
du montage pour susciter une pensée par montage,
par association.
Où en sommes-nous
en septembre 2004?
Dans sa critique du dualisme platonicien (la séparation
de l'âme et du corps) Umberto Galimberti nous a entraîné dans
un mouvement qui passe par la phénoménologie
(Merleau-Ponty, Maldiney, Rovatti, Didi-Huberman) pour
aboutir, grâce à Jean Beaufret, à la
découverte du berceau de la philosophie et de la
phénoménologie dans la pensée
grecque avant Platon. Poïesis, techne,
praxis, théorie, sont dépoussiérés
et retrouvent leur fraîcheur.
Parallèlement, nous nous sommes éloignés
d'une psychologie traditionnelle qui limite la notion de
sujet à la conscience pour aller vers la psychanalyse (Freud,
Lacan) intégrant le concept de l'inconscient et
la division du sujet.
C'est la présence d'écrits ou de paroles
de Jean Oury, en référence à son travail
autour de la psychothérapie et
de la pédagogie institutionnelles,
qui établit la charnière entre les deux chemins
majeurs (philosophie de la présence et psychanalyse)
que nous avons découvert depuis quatre ans.
Constellation a pour vocation, on l'aura compris, d'être toujours
en attente de surprises, de découvertes. Vous pouvez consulter les versions
successives. La première est intégrée au compte-rendu
de la séance
10.
CONSTELLATION : présentation (août 2005)
Où en
sommes-nous en septembre 2005 ?
Notre histoire culturelle n'est pas linéaire.
Le patrimoine hérité des civilisations
et des générations antérieures ne
demeure pas en strates bien ordonnés et étanches.
Les matériaux hérités de la tradition
forment des regroupements, des « constellations »,
toujours en mouvement. Leur montage brise leur chronologie.
Loin d'être linéaire, la pensée
du montage serait donc davantage une dynamique,
un rythme. Le temps ne serait plus à l'image
de la flêche, mais du cristal. Et l'image, lourde
toutes les contradictions temporelles, serait, selon Walter
Benjamin, une « dialectique à l'arrêt ».
Sur ce territoire, qui devient le nôtre, à Ouvrir
le cinéma, le regard peut
venir de l'image (« L'image nous regarde »,
selon Didi-Huberman), l'homme répond au langage,
mais c'est le langage qui parle (Heidegger),
et le savoir ne relève plus du pouvoir de
l'action mais d'une poétique de
la présence.
De quoi bouleverser notre manière de faire des
images, de penser le faire des
images et d'en imaginer sa pédagogie.
Dans sa critique du dualisme platonicien (la séparation
de l'âme et du corps) Umberto Galimberti nous a entraîné dans
un mouvement qui passe par la phénoménologie
(Merleau-Ponty, Maldiney, Rovatti, Didi-Huberman) pour
arriver, grâce à Jean Beaufret, à la
découverte du berceau de la philosophie et de la
phénoménologie dans la pensée
grecque. Poïesis, techne, praxis, théorie, sont
dépoussiérés et retrouvent leur fraîcheur.
Parallèlement, nous nous sommes éloignés
d'une psychologie traditionnelle qui limite la notion de
sujet à la conscience pour aller vers la psychanalyse (Freud,
Lacan) intégrant le concept de l'inconscient et
la division du sujet.
C'est la présence d'écrits ou de paroles
de Jean Oury, en référence à son travail
autour de la psychothérapie et
de la pédagogie institutionnelles,
qui établit un pont entre les deux chemins majeurs
(poétique de la présence et psychanalyse)
sur lesquels nous avançons, paradoxalement, en
même temps.
s