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Gestaltung, la forme en formation [contexte 1] [contexte 2]
Jean Oury, Création et schizophrénie, Paris, Galilée, 1989, p. 67.
« Mais pourquoi insister sur la notion de Gestaltung ? Ce qui est en question, c’est un processus de créativité qui en même temps est un processus de “reconstruction de soi-même”. Il s’agit, pour le schizophrène, de lutter contre ce qui semble spécifique de la psychose : une structure “fermée”. Qu’il y ait à nouveau de l’ouvert… […]
J’ai déjà insisté sur le fait qu’on doit pouvoir définir un “topos”, un “lieu”, un site. Ceci rejoint des élaborations phénoménologiques à propos de la psychose. Par exemple ZUTT, de l’école de Francfort, parle de ce lieu comme étant le lieu du “corps en apparition”. Le corps qui se déploie, tel qu’il apparaît, qui voit tout en étant vu. Les troubles fondamentaux peuvent être projetés sur les modalités du corps en apparition. Le corps en apparition d’un schizophrène n’est pas le même que celui d’un patient en phase de manie aiguë.
Hier après-midi, dans la salle d’attente, il y avait deux personnages. […] il y avait donc dans la salle d’attente un contraste saisissant entre ce type complètement mélancolique et l’autre en pleine joie… et j’ai pensé à Zutt, “le corps en apparition” : un type replié sur soi, et l’autre en expansion… et bien ça, ça se passe quelque part. Ça ne se passe pas au niveau du “moi”. Ça se passe au niveau d’un “pré-moi”… Un lieu qu’on pourrait définir comme “pré-moïque”, ou, pour reprendre une autre terminologie, “pré-spéculaire”. Là où il se passe des phénomènes de cet ordre, de “repliement” ou “d’expansion”, de sentiments primordiaux, de sensations primordiales, au niveau pathique, au niveau des sentiments vitaux, c’est dans le “pré” de Francis Ponge ! Ce que disent les phénoménologues, c’est que ce “pré” (pré-intentionnel, pré-prédicatif, pré-représentatif…) est un lieu non saisi par le travail de la “représentation”. »
Michæl La Chance, « “C'est dangereux de dessiner” »,
Spirale, 97, mai 1990, p. 7.
« La mise en forme de l'être,
C’est seulement lorsqu’on coule à pic que l’on voit la normalité comme un effort continuel pour rester en surface. Il y a en effet une part de nous-mêmes où nous ne cessons de nous faire et de nous rassembler, c’est une “zone non-récupérée par les habitudes de la pensée représentative”. Comme si cette part très profonde de l’individu était celle d’une production de quelque chose : son être. Et c’est là que s’installe un blocage tel que l’individu continuera à chercher à se fabriquer lui-même sous des formes détournées : à travers la création d’objets qui sont des recréations de soi, des constructions qui sont des reconstructions. Il y a une projection de la personne dans ce qu’elle crée, comme si elle cherchait à s’incarner à tout prix dans une forme ou une autre. Les pulsions que l’on reconnaît à l’oeuvre dans le travail artistique (ou encore dans une non moins intense absence d’oeuvre) sont également celles qui sont à l’oeuvre dans l’élaboration de l’individu. À la suite de Hans Prinzhorn, qui a publié la première étude d’envergure sur l’art de fous en 1922, Oury présuppose qu’il y a dans la personne humaine un courant pulsionnel très puissant comme mouvement de création et de manifestation de formes. Cette perspective — qui peut étonner chez un psychiatre — contribue à dépsychologiser notre conception du devenir humain — du moins donne un relief particulier à l’expression courante « être en forme ».
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