constellation

observer, deviner, pratiquer

GENÈSE
au cours des séances
depuis le début


STYLE
à table

carnets de bord
> carnets d'annick


REPÈRES
à lire
constellation

entre nous
> jean oury

> jean-luc godard

> jean-marie straub

> georges didi-huberman

> p. j. laffitte/o. apprill


TERRAINS

TECHNÈ

PLUMES

DANS L'INSTANT

CONFIDENCES

LE COIN DES AMIS

LE COIN D'ANNICK B.
filmographie

CONTACT

RETOUR ACCUEIL


LES WIKI D'OLC
le livre impossible


<<<<<<< •• >>>>>>>
précédent — — — suivant


Savoir, sagesse, théorie, pratique [contexte1] [contexte2] [contexte3]

Jean Beaufret, Dialogue avec Heidegger, I – Philosophie grecque, Minuit, 1973, p. 20-21.

« Ce sont […] les Romains, non les Grecs, qui ont opposé sagesse et science, l’unité des deux se retrouvant d’ailleurs dans le verbe savoir qui, bien que de la même famille que sagesse, signifie aussi la possession de la science. Quand on dit par exemple aujourd’hui un savant, c’est à un homme de science que l’on pense, et non pas à un sage. En réalité les Grecs sont très étrangers à la distinction de la science et de la sagesse, qu’une manie bien moderne est parfois d’opposer l’une à l’autre comme la théorie à la pratique. Rien n’est plus antigrec que cette opposition. La théorie, au sens grec, n’est nullement opposée à la pratique ou, comme on dit en reprenant de l’allemand de Marx un mot qui n’y était qu’un décalque du grec, à la praxis. Autrement dit, les Grecs n’étaient nullement les hommes de la théorie contre la praxis — mais bien plutôt ceux pour qui la théorie était la plus haute praxis — la théorie ne signifiant pas pour eux qu’ils étaient cantonnés dans des occupations “purement théoriques”, mais qu’ils avaient vraiment en vue, et comme leur faisant face, ce qui était proprement en question où ce à quoi ils avaient affaire.
θεωρειν, theorein, dans leur langue, c’était la manière la plus haute d’être au fait, d’avoir ainsi les yeux fixés sur l’essentiel, et nullement de se réfugier dans le monde des spéculations — mot latin et non grec — pour échapper aux dures nécessités de la pratique. »

Vincent Beaubois, « Un schématisme pratique de l'imagination », revue Appareil, n°16|2016, « Individuer Simondon. De la redécouverte aux prolongements », p. 9. [Ouvrez !]

Chez Simondon, […], la généralité du schème (en tant qu'il est transposable) vient de son caractère trans-linéal, la pensée se plaçant en revanche toujours du côté de l'invention particulière. […] La capacité inventive n'est pas de l'ordre du jugement réfléchissant parce qu'elle n'est pas un jugement : elle est d'abord un rapport pratique aux choses au sens d'une participation sensori-motrice, elle est autant une connaissance qu'un affect et une action.
« […] l'invention technique ne se fait jamais à partir d'une intention humaine prescriptrice. Elle naît plutôt d'une coopération entre le concepteur et la réalité technique : « l'inventeur ne procède pas ex nihilo, à partir de la matière à laquelle il donne forme, mais à partir d'éléments déjà techniques. ».
La schématisation ne se produit que par cette collaboration entre humain et technique. […] Le schème simondonien joue ainsi dans le sens inverse du schème kantien : il n'est pas soumission de l'expérience au pouvoir de l'esprit, mais ouverture de la pensée par l'expérience pratique. C'est une réalité extérieure, se définissant à partir d'un réseau d'objets, d'un branchement de lignées, qui entre en relation dynamique avec une pensée elle-même dynamique. Le schème est bien un principe de constitution, mais il appartient d'abord à la genèse de l'objet. »

Pierre Johan Laffitte, « Le langage en deçà des mots. Sémiotique peircienne, métapsychologie du bébé et psychothérapie institutionnelle ». Commentaire à L'Enfant autiste, le bébé et la sémiotique de Pierre Delion. Inédit.

« Ainsi, dans le cadre de l’usage français de Marx, il existe une diférence entre une « pratique » et une « praxis » : une praxis implique forcément une pratique, alors qu’une pratique, sans désir ni accroissement de valeur pour le sujet, dans un lieu travaillé par du symbolique et de l’analyse permanente, ne suffit pas à faire naître une praxis. Une pratique peut se contenter de pratiquants, là où une praxis a besoin de praticiens. Ces praticiens, ce sont les sujets non seulement d’une pratique, mais aussi d’une politique (l’organisation collective de la vie du groupe), et surtout, ce sont des sujets travaillés par la présence (ou non) du sens : des sujets grâce à qui du sens émerge, du sens hors duquel il ne saurait être question de sujets, mais seulement d’agents.
De cela, il découle qu’une praxis est intrinsèquement sémiotique : lieu de production de toute valeur humaine, elle est donc une situation dominée par la dimension symbolique.
Il n’est pas indispensable d’interroger notre pratique pour en faire un métier socialement défini, reconnu, rétribué, considéré, etc. ; par contre, si l’on veut pouvoir interroger notre pratique, l’analyser, il faut la considérer comme un objet dynamique dégageant un sens, et surtout un sens que l’on puisse questionner, travailler et faire évoluer — interpréter.
Notre pratique est donc à la fois une surface de sens à analyser, un objet de sens qui vit et “force” notre analyse, et un lieu de sens qui dispose symboliquement la surface et l’objet de façon à pouvoir les “faire parler” toujours plus. »

[retour]

 

Ouvrir le cinéma

   
s